Que mange les Gabonais?
Voilà une interrogation qui hante mon esprit au regard du taux de mortalité dans les agglomérations urbaines et particulièrement
dans les provinces où le developpement industriel est présent.
Les scientifiques estiment que les complications sanitaires ( developpement de l’hypertension artérielle, insiffisance
reinal, etc…sont dues à une malnutrition accrue tant les coûts des denrées alimentaires sont élevés).
Les Gabonais se restaurent »dehors », dans ces établissements
précaires qui proposent des plats dont la diversité et la qualité nutritionnelle n’est sont pas averée. L’huile, le sucre, le cube maggi, l’arome maggi, la
mayonnaise, etc..coule à gogo dans les repas de nombreux de mes compatriotes.
Bien plus, l’arrivée massive des denrées alimentaires surgelées ou non en provenance de pays industrialisés et à la portée des petites bourses est tout aussi
inquiétante au regard de l’absence de contrôles scientifiques sur ces produits dont on ignore la composition réelle.
Les Gabonais comme tout client recherchent d’abord à acheter le moins cher possible un bien. Mais jusqu’où sont-ils capables d’aller? Les produits de très bons
marché que l’on nous propose ci et là dans le grand marché de Mont-bouet, ne sont-ils pas porteurs d’élements chimiques ou toxicologiques. Bien des scandales émaillent et emoussent
les puissances économiques mondiales. Il est grand temps que les Gabonais s’interroge sur ce qu’il y ‘a dans leur assiette et le moyen d’en assurer la garantie
qualitative.
La lecture de cet extrait de texte tiré d’un roman non encore publié à ce jour lance subtilment un cri d’alarme sur l’alimentaire.
-Que te dire? Que ne pas te dire mon enfant? Ils seront obligés
de prendre leur mal en patience. Personnellement, je ne peux répondre à cette question. Qui ignore que notre pays s’illustre mondialement par un coût de vie élevé? Il n’est
pas aisé de vivre à Goupou. Y assurer la survie de plusieurs personnes est un défi difficile à relever au quotidien. On ne vit pas ici, on tente de survivre en permanence. Moi aussi
j’héberge des individus qui encombrent ma demeure. Depuis le décès de ma mère, il y a plus de sept mois, certains membres de ma famille dorment encore sous la table, en attendant que
je prépare leur retour dans leurs villages respectifs. Je suis dans l’obligation de les loger, de les nourrir. Aucun d’entre eux ne cherche à savoir où et comment je trouve de quoi
assouvir leur faim. Ce qui leur importe, c’est que tous les matins, ils jouissent d’un nombre de pain suffisant, du beurre, du café, des jus d’orange. A midi, un copieux déjeuner
inonde leur table. Et le soir venu, le dîner soutenu par des victuailles de bonne qualité s’offre à eux. Histoire, disent-ils, d’honorer la mémoire de ma mère. La seule question que
je me pose, mon petit[1] , est celle de savoir ce que la mémoire de ma mère vient chercher
là ? Elle dont le corps décomposé, ne sent plus rien et ne jouit plus de ce qui existe sur terre. Sous terre, cette pauvre femme n’a plus écho de ce qui se passe
ici haut. Mais on veut me faire croire qu’en hurlant tous les matins, et tous les soirs avant de manger,
cela participe à lui faire entendre que l’on pense à elle et que son absence est cruelle, attriste et rend malheureux. Mon œil ! C’est justement à cause de sa disparition que
certains peuvent jouir du privilège de prendre une tasse de lait chaud ou froid, assortie d’une belle et tendre tartine. Une chose est certaine, le motif de leurs pleurs, ce n’est pas
tant la perte de leur sœur, tante et cousine en la personne de ma mère. Leurs lamentations trouvent origines dans l’incertitude du lendemain: comment faire pour se loger dans
les villages où les toits ont été la proie de la grande saison des pluies et n’ont jamais été réparés pendant la saison sèche ? Telle est la préoccupation qui broie les pensées de ces parasites en ces moments iconoclastes. Au fond, dans leurs
hurlements quotidiens, ils s’interrogent sous le couvert du chagrin causé par la mort de ma mère sur leur situation de villageois paresseux. Nombre d’entre eux n’ont pas voulu
débrousser une partie de la forêt pour en faire un champ où ils cultiveront patates, taros, tubercules de manioc, piment, arachides, oignons et bien d’autres denrées alimentaires très
prisées et nécessaires pour une meilleure alimentation. Et pour se justifier de leur manque de nourriture, ils prétexteront que la longue et pénible maladie qui a
entraîné la mort de ma mère, a été un frein pour les travaux champêtres, tant ils étaient préoccupés par cette terrible et terrifiante épreuve. A y voir de plus près, ceux qui
l’attesteront n’ont jamais su comment tenir une plantation. Ils passent le plus clair de leur temps, à se servir pour ne pas dire à voler dans les champs des voisins au péril de leurs
vies. Et c’est devenu une mode à Nikiamangui et Ondombo, respectivement village de la cousine et l’une des tantes paternelles de Gapen. Situés au bord du
lac Avanga dans la province de l’Ogooué- maritime, plus précisément dans le département de Bendjé, ces beaux villages, jadis paisibles et tranquilles, regorgeaient d’hommes vaillants,
courageux et travailleurs. Ils se nourrissaient du fruit de leur travail ; se respectaient mutuellement. Nul n’osait s’accaparer ce qui ne l’appartenait pas. La poule
du voisin pouvait s’aventurer sur le terrain d’un autre, sans risque de se faire plumer dans l’anonymat complet. Le travail faisait l’homme et le paresseux était très vite
marginalisé. Alors, chacun s’attelait à être digne. Cependant, des brebis galeuses gangrenaient la vie de ces bons paysans, mais leur nombre était très insignifiant. A présent, la
paresse, le vol, l’escroquerie, en un mot l’esprit de facilité a gagné ces villages. Et on compte désormais, du bout des doigts les honnêtes et valeureux cultivateurs,
agriculteurs.
Dans mon village, le nombre de personnes en proie à l’esprit de facilité est grandissant . Lorsque certains d’entre eux sont
pris en flagrant délit, ils subissent des lourdes peines. Après avoir écopé de ces horribles sanctions, certains font le choix de l’exode rural ; viennent dans les grandes
villes, dans l’espoir de noyer leur sulfureuse réputation de flibustier. En s’éloignant du village, ils espèrent embellir leur situation. Les chemins pour y parvenir sont multiples.
En ce qui concerne les femmes qui bénéficient de ce passé méphistophélique elles se mettent rapidement en ménage avec le premier venu, pourvu qu’il soit véhiculé. En ce qui
concerne certains hommes ils se risquent à devenir des boys chauffeurs, des gigolos ou tout simplement des célèbres voleurs, et s’illustrant dans la scélératesse, avec pour ambition
de faire le coup du siècle et de secouer rapidement la misère dans laquelle ils se vautrent depuis des lustres. Mais comme chaque chose a une fin, ils se font le plus souvent
rattraper par les forces de l’ordre et finissent leurs jours dans la grande prison de Goupou dénommée Gros bouquet, mais sans le gros bouquet, car, le butin est en
possession du chef du gang auquel ils appartiennent.
A Goupou, il est de coutume, que la tête
pensante d’un groupe de malfrats soit un ressortissant étranger. Aussi étrange que cela puisse paraître, nul ne peut énoncer avec exactitude, la véritable nationalité d’un chef de
fil. C’est sous l’appellation générique de ressortissant d’Afrique de l’Ouestque le quotidien national d’information présente ces grands brigands semeurs d’affres. Une
manière bien futée de préserver les relations entre les diverses nationalités africaines qui s’enchevêtrent et s’engouffrent sur le sol réputé riche de
Goupou.
Mais nul n’est dupe, ce sont toujours les mêmes, les étrangers, que l’on accuse à tort ou à raison. Toutefois, la complicité des nationaux, des
amies, des frères, des cousins est plus qu’avérée. D’ailleurs, ce sont eux qui font la prospection des lieux la journée, en rendant visite aux leurs. Ils viennent, sous prétexte d’une
visite fraternelle, amicale recenser des objets de valeurs qui se trouvent dans ces belles maisons huppées où vit une de leurs connaissances. C’est la nuit tombée qu’ils lanceront
l’assaut . On ne le dira jamais assez, mais il faut toujours le redire : la mort ne vient jamais de loin !
La dignité de certains villageois s’est envolée. Le travail de la terre n’attire plus de
nombreuses mains. C’est le règne de l’économie de la pauvreté comme le disait un compatriote. Cette dernière est axée sur la consommation des produits manufacturés en provenance de
pays étrangers et dont les coûts sont extrêmement élevés, mais ne suffisent pas pour dissuader les apathiques villageois. D’ailleurs, ces derniers se contentent d’attendre que leurs
parents vivant et travaillant dans les grandes agglomérations urbaines, fortement ravitaillées en ces produits étrangers les leur envoie. Certains oncles de Gapen ne se gênent pas de
faire du courrier à leur enfant travaillant à Goupou, dans lequel, ils demandent des denrées alimentaires importées. Et cela ne choquent plus certains compatriotes de voir des sacs de
riz en provenance de Chine, du Vietnam et d’autres pays d’Asie s’enchevêtrer dans les camions et voitures à destination de Kango, Ndjolè, Mouloundou, Matsatsa, Akok, Cocobeach,
Lambaréné, etc.
Et ce n’est pas tout. Les cartons de spaghetti, de macaroni, sans oublier les
sacs de foufou, de patates douces, d’ignames produits du Cameroun convergent aussi vers ces destinations. A y voir de loin, on pourrait croire à une simple mise en scène, tant il
est surprenant de constater que les habitants de Goupou se contentent de pratiquer l’économie de la pauvreté, en achetant la quasi-totalité des denrées alimentaires auprès de leur
voisin, le très célèbre Cameroun dont les prouesses footbalistiques sont mondialement reconnues. Il faut tout de même noter avec insistance que ce n’est pas seulement dans le domaine
sportif que ce pays charme les ressortissants des pays frontaliers et éloignés. Les marchés de Goupou, sont pleins de ces bons, beaux et tendres fruits plantés par les
Bamilékés.
Et nombre de
personnes à Goupou ne cessent de bénir le ciel, d’avoir fait des Camerounais, des êtres conscients du fait que rien ne vient tout seul dans l’assiette, il faut se remuer les
phalanges pour bien et mieux manger. Et c’est là le début du bonheur. Une sagesse que beaucoup de villageois, résidant dans les départements de Lolo-Bouenguidi, et de
Lombo-Bouenguidi ont vite fait d’oublier, au regard de l’esprit de facilité qui gangrène les modes et les genres de vie dans ces contrées dites de l’intérieur du pays, qui,
pendant longtemps, ont fait la grande fierté de l’Afrique Equatoriale Hexagonale. Une chose est certaine et il faut le souligner avec ferveur, la fainéantise broie des vies, et de
multiples victimes de ce fléau, essaient de se justifier en fustigeant, le manque d’offre d’emploi dans les établissements commerciaux et administratifs de la région. Moult d’entre
elles, pensent que le travail dans le secteur primaire est très dévalorisant. Alors, ils préfèrent s’accrocher désespérément à une potentielle ou hypothétique offre d’emploi, au lieu
d’aller passer leurs journées dans les champs de bananes, d’arachides ou autre, pour ne récolter de quoi se mettre sous la dent. Et éviter ainsi le
vice.
« Le travail de la terre ne paie correctement son homme. Il est vrai qu’il peut bien assouvir quelques besoins fondamentaux, mais ne peut pas,
du jour au lendemain, rendre un agriculteur multimilliardaire. Alors, il n’est guère plaisant se crevasser la santé, en semant des grains ou en plantant des boutures de manioc sous un
soleil de plomb », telle était la philosophie de mon oncle Yandong . Il répétait inlassablement ces propos. Malheureusement, il passait le plus clair de son temps à
quémander de quoi se mettre sous la dent. Cet homme finit par prendre le surnom de Essayanowè. Les plus crédules de ces fainéants
choisissent parfois de passer des nuits entières dans les églises éveillées ou non, à prier le bon Dieu afin que son infinie grâce puisse les sortir du
besoin. Ce qu’ils oublient c’est qu’il n y a rien de mieux que de se bouger les phalanges pour s’éloigner du vice. Mais nombreux préfèrent user de leurs cornes vocales.
Evidemment le résultat n’est pas le même.
Qu’on se le dise, une fois pour toute, Dieu n’est pas sourd. C’est pourquoi, il est recommandé de prier à voix basse. Cela ne sert à rien de crier
aussi fort que Doussala-Mbourou lorsqu’il adresse ses doléances au Père éternel. Dans son élan, il lui arrive d’aboyer, au lieu de crier ou de prier normalement. Certes dans les
pratiques religieuses, les modes d’emploi et les emplois du temps varient selon chaque religion, selon la volonté du chef de ces assemblées cultuelles ; mais, il ne faut pas
s’étonner que certaines églises perdent plus d’âmes qu’elles n’en recrutent. Au point où, on rencontre des églises composées d’à peine dix à vingt personnes de plus en plus jeunes. Le
grand bruit précipite parfois, la disparition des sont en proie à un bruit effarant, chrétiens d’un âge certains, ne prient pas dans des bonnes conditions. En venant chercher la
guérison, la paix, la joie de vivre à l’église, ils y trouvent l’absence de confort, la chaleur, le bruit, les odeurs de sueurs et parfois, les crises cardiaques et la mort. Pourquoi
les nouveaux chrétiens à Goupou, sont-ils aussi paresseux ? Pourquoi, n’arrivent t-ils pas à ériger des belles et somptueuses églises en planches, bien aérées, où il serait
agréable d’y aller prier; et ce dans le calme et la concentration requise ? La nouvelle conception
de la richesse étonne plus d’un. Elle ne se mesure qu’au numéraire et suscite la convoitise, l’insatisfaction et dans certains cas l’insatisfaction la mélancolie. Il est nécessaire de
croire, que toutes les richesses ont leur importance. La différence entre une richesse monétaire et une autre alimentaire n’est pas aisée à établir, surtout lorsque l’on sait que
l’homme vit aussi de pain. Le grand-père de Gapen n’affirmait-il pas que les villageois qui travaillent n’envient pas certains citadins qui ne peuvent pas s’offrir un repas complet
tous les jours. Ce qui se met dans le ventre est beaucoup plus important que ce qui se porte sur le corps.
A Goupou, c’est le
contraire de cette maxime que plusieurs des anciens collègues de travail de la mère de Gapen épousent. Ils préfèrent soigner leur apparence au détriment de leur estomac.
Dommage ! Ce n’est pas du kongossa[3], mais plutôt la vérité, du live[4]. Si toutes les langues pouvaient se lever pour fustiger et dénoncer les horreurs qui sévissent à
Goupou…
[1] mon
enfant
[2] sur
terre
[3] médisance
[4] La
réalité